JEAN-MARC COLLET
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Dulcinée :
Deux arguments me conduisent
Sur ces traces encore à venir.
La puissance créatrice m’est insufflée
Par cette épouse virevoltante.
Au comble de ma félicité,
Elle fait chavirer mon âme.
Architecte de mon existence,
Elle conduit mon pas
Sans même y songer.
Elle dessine mon parcours,
À son bras, dans ses toiles.
Elle trace les lignes distantes,
Droites maladroites qui se rejoignent
Immanquablement au bout du chemin.
Liné-amants.
Nous nous retrouvons au crépuscule de son art.
Où la lumière s’efface pour de noires surfaces.
Loi. Abolie.
L’encre noire et vénéneuse du calame
Trace sur le visage les marques
Indélébiles de la sottise cruelle.
Calamiteux usage de la langue,
Lame effilée du sabre de la Loi,
Ecriture d’une souffrance vécue.
En chaire, annoncée pour les siècles
Encore indéchiffrables,
Posture humaine de jouissance rentrée,
Moïse, Paul, Mahomet,
Nés des tourments de leur âme,
Calligraphistes de la vie,
Précepteurs d’enfants sans défense,
Sculpteurs de défiance,
Sonneurs de meurtrissures
Et d’espérances bannies.
La joie dans les cœurs
D’êtres différents aujourd’hui ressurgit,
Repousse des siècles de violence
Dans le néant, et offre
Un horizon de vie aux jeunes pousses
Et laisse à des bonheurs à construire
plain-champ, survivance.
1848-2012