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REGARD FUYANT

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LIGNES DE SUITE​

En cousant ses lèvres

 

Les ordres claquent

Le silence retentit

Claques qui résonnent

Cliquetis de barbelé

Les bottes craquent

Crissent les mâchoires.

 

Silence forcé.

Silence grisé.

Ne pas gémir

Des casques, la victoire.

Ne pas subir

Des hommes, l’exutoire.

 

Silence des voisins

Ignorants bien soumis

Silence des plaines

Cheminées bien portantes

 

Cousus sur les corps

Les larmes des vivants

Gravés dans les chairs

Des numéros sans vie

 

Les fous se taisent

Stridentes clameurs.

Les fous se cousent

Les lèvres, délire !

 

Lettres gothiques

Barbares allitérés

Couture de haine

Crainte du silence

 

Payer mon écot

En écho à ces morts

Silence faire,

Honte défaire.

 

Ode à Primo

 

De Beethoven, entends, la neuvième

Symphonie, dans ses surprenants élans

Sourds, aux contingences, sournoisement,

Humaines, les sempiternels reflux,

Leitmotiv subtilement pervers,

Me fait, impalpablement, songer

En quelques pernicieux maux

À la résurgence filée de l’éclat

D’Israël, éternel, au fil du temps

Hachuré, malgré les épreuves.

Or, du tambour les roulements

Ne laissent, insatiables, aucun répit.

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